Question Euthanasie



On a beaucoup parlé récemment de l’euthanasie. J’avoue que j’ai du mal à me faire une opinion. Je serai plutôt pour dans certains cas, mais je crains aussi les abus.
Je suppose que, en tant que médecin, vous avez une opinion sur ce problème. Oseriez-vous me la donner ?
Daniel


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Réponse

  • Daniel,
    L’euthanasie est au programme de l’enseignement de première année de médecine (P1), dans la matière des « Sciences Humaines » ce qui prouve l’importance accordée à ce sujet par les Professeurs d’Université des Facultés de Médecine. Les Sciences Humaines ont un fort coefficient le jour du concours. Ainsi les futurs médecins auront une formation tenant compte de ce douloureux problème.
    L’euthanasie est un très grave problème. Je ne donnerai aucune opinion d’ordre moral ou religieux, ce serait trop dangereux et totalement inutile. D’autres le feront pour moi.
    Il m’est difficile de donner une opinion, mais je crois que chacun de nous doit y penser pour analyser du mieux possible ce qu’il va entendre ou lire à la radio, à la télévision et dans la presse. On en a déjà trop parlé sans avoir suffisamment réfléchi. Et puis, disons le carrément, il est impossible de bien comprendre un tel problème tant qu’on ne l’a pas vécu pour un proche parent.
    Pour résumer mon opinion, suite à un long vécu hospitalier, car j’étais chef de service d’un laboratoire chargé des urgences et travaillant surtout pour les réanimations, j’ai une vision différente de ceux qui en parlent ou en ont parlé.
    En gros il y a deux situations : Le malade est dans le coma et son cerveau ne fonctionne plus. Son cœur bat normalement de façon autonome. Comme la commande respiratoire est dans le cerveau, le malade reste en vie grâce à un appareil qui lui envoie de l’air dans les poumons à travers un tuyau qui est rentré dans sa trachée (intubation ou trachéotomie selon les cas)
    Si on arrête l’appareil, il ne respire plus, il ne reçoit plus d’oxygène et ne rejette pas le gaz carbonique que les cellules de son corps fabriquent pour vivre. Sans oxygène et sans rejet du gaz carbonique, le sang s’acidifie, les cellules meurent asphyxiées, la mort se produit au bout de quelques minutes. Celui qui arrêterait l’appareil (cet appareil se nomme un respirateur) provoquerait rapidement la mort du malade. Cette personne, infirmière, médecin du service, chef de service ou non, ou réanimateur, a-t-elle commis ainsi un acte appelé d’euthanasie ?
    Alors, quand on effectue un prélèvement d’organes (foie, reins, cœur, poumons, cornée), comme la pratique est celle que je viens de vous décrire, tout prélèvement d’organe est un acte d’euthanasie et il faudrait traduire en justice tout le corps médical impliqué. Ainsi, immédiatement, les médecins concernés par les prélèvements d’organe pour greffes, refuseraient de courir le risque d’être condamnés par les juges. Le premier juge c’est vous !
    Rassurez-vous quand même, toutes les précautions ont été prises. Famille d’accord, malade lui même ayant donné son acceptation pendant sa vie, contrôle que le malade va bien décéder si on stoppe le respirateur, coma irréversible, décision collégiale après réunion de tous les médecins du service, apparemment aucun risque de bavure. Il faut rester très vigilant et intraitable dans le respect de toutes ces étapes décisionnelles, la justice a raison, mais euthanasie ou pas euthanasie ?
    Il existe un autre cas de figure, qui est celui de l’euthanasie chez un malade qui n’est pas ventilé artificiellement. Son cerveau est fonctionnel. Dans ce cas, la décision a été prise avec la même rigueur que précédemment. Ce serait par exemple le cas d’un sujet opéré plusieurs fois dans la semaine d’une redoutable maladie avec des souffrances insupportables et dont les heures sont comptées. Les mêmes précautions seront prises concernant la décision d’abréger sa vie. Dans ce cas, pas d’appareil à arrêter puisque le malade respire tout seul. Alors s’impose l’injection par le tuyau de perfusion, d’un mélange chimique qui va calmer la douleur, induire le coma, avec de la morphine à forte doses par exemple, et en quelques heures ôter la vie au patient. Dans ce cas il est également admis que l’on commet une euthanasie.
    Mais vous sentez déjà pointer en vous une petite impression de doute…et si dans le cas du don d’organes, le fait que le malade ait son cerveau déjà mort, permettait de dire que ce n’est pas tout à fait pareil…Et si on n’utilisait pas le mot « euthanasie » quand ça nous arrange ? Soyons sérieux ! Derrière ces gestes d’une gravité extrême, arrêt d’un respirateur et injection de produits chimiques dans une perfusion, il y a deux problèmes : le respect et l’amour pour un être humain, et les lois de la République. Demandez aux juges !
    N’oubliez pas, si vous êtes favorable au don de vos propres organes, d’avoir une petite pensée aimable pour celui ou celle qui va appuyer sur ce fameux bouton qui arrête le respirateur. Car c’est un autre être humain qui doit commettre l’acte. Souvent un infirmier sur ordre médical.
    Chapeau au Chef de Service qui le fait lui-même et qui ose le dire !
    Et déjà, dans d’autres hôpitaux, les équipes préparent les futurs greffés qui auront la vie sauve.
    Voilà pourquoi il faut aider maintenant ces hommes et ces femmes qui travaillent dans nos cliniques et nos hôpitaux. Il faut les aider à porter la misère du monde.
    Pas facile de parler de l’euthanasie.
    Que ma modeste contribution vous aide à mieux cerner ce problème.
    Albert
    PS J’ai déjà écrit un article à ce sujet, vous le trouverez sur le site www.genista.net dans la page d’accueil en haut « new » « contribution à l’étude des euthanasies ».

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