Bonjour,
Je suis une élève de première scientifique et mon TPE porte sur la préparation physique, mentale et diététique des sportifs de haut niveau. Nous faisons une comparaison entre un sport collectif (le rugby) et un sport individuel. J’aimerais savoir quels sites vous pouvez me conseiller et quels contacts pourrais-je prendre.
Merci d’avance.

Chère Elisabeth.

Je vais tâcher de vous aider au maximum en fonction des connaissances qui sont les miennes actuellement.
En premier lieu nous allons nous intéresser à ma spécialité c’est à dire : la préparation physique. Sachez que la différence essentielle entre sport individuel et sport collectif réside au niveau du calendrier des compétitions. En effet, on dit que les sports individuels. sont à périodisation simple, tandis que les sports collectifs. sont à périodisation complexe.
Dans le premier cas il s’agit de préparer l’athlète à être en forme optimale sur un échéancier "en pyramide" : un objectif premier terminal généralement situé à la fin de la saison et quelques sous objectifs intermédiaires éventuels en cours d’année sportive.
Le second cas est plus délicat à gérer dans la mesure où l’échéancier propose une multitude de compétitions réparties sur l’ensemble de la saison. L’analyse du tableau des rencontres devient donc un élément clef de la programmation car l’entraînement se construit autour de l’inventaire des matchs dans l’optique, par exemple de mettre en place une stratégie consistant à accentuer la charge de travail durant une série de rencontres face à des adversaires d’un niveau moindre et au contraire, de ralentir l’intensité de travail pour éviter la méforme quand on approche des têtes de division.
L’athlète quant à lui ne se pose pas ce type de question. Il doit se préparer pour "être au top" à une échéance bien déterminée qui constitue le fil rouge, le fil directeur de toute sa saison. Exemple : Objectif premier : le week-end des championnats de France, sous objectif éventuel : réaliser la qualification lors des championnats inter régionaux de mi-saison. On appelle ce dernier cas un sport à compétitions pyramidales massées, dans l’autre cas, on parle plutôt de compétitions diluées. Les incidences au niveau de la préparation physique sont majeures.
Prenons l’exemple d’un lanceur de poids en athlétisme. Vous savez que pour progresser, il faut nécessairement passer par des phases de régression en vue de générer un phénomène de surcompensation. Pour notre athlète, il peut organiser un entraînement hivernal orienté vers un développement de la force musculaire sous la forme d’une préparation physique générale (cycle de prise de masse). Ainsi, dans un premier temps, il "prend du muscle" mais fait de moins bonnes performances car cette prise de masse soudaine est généralement synonyme de désadaptation du geste efficient moteur de compétition. Mais en ultime analyse, ce n’est pas grave puisque l’athlète se situe dans une période d’entraînement éloignée de son objectif terminal premier. Par la suite, il réajuste sa technique par un travail spécifique à son activité (médecine ball / pliométrie / exercices multiformes orientés) et cette force nouvellement acquise ne sera réellement bénéfique qu’a ce moment précis (en phase de préparation physique auxiliaire et spécifique) lorsqu’il aura réussi à la maîtriser parfaitement et à la transférer, à la greffer complètement sur son geste compétitif. Si on essaye maintenant de mettre en place le même raisonnement pour un sport à compétitions diluées, on remarque qu’il devient excessivement difficile de planifier ces phases de "régression" car cela se traduit sur le terrain par une diminution du potentiel de performance de l’ensemble des joueurs et donc de l’équipe. Quelle équipe peut se permettre de risquer la défaite de manière volontaire ? C’est ce qu’a tenté de mettre en place dernièrement mon ami le préparateur physique Suisse "Jean-Pierre Egger" entraîneur du champion du monde du lancer de poids "Werner Gunter" à l’Olympique de Marseille. Mais son système pourtant parfaitement au point pour un sport comme l’athlétisme n’a pas fonctionné dans un sport collectif (ou du moins, on ne lui a pas laissé le temps de porter ses fruits car en ligue, il convient d’obtenir de brillants résultats dès le départ et continuellement).

En ce qui concerne la préparation diététique, je crois que si on a recours à une alimentation sans suppléments alimentaires, les règles élémentaires de nutrition du sportif sont les mêmes et restent applicables pour tous. En revanche, l’utilisation de poudres protéinées (de type créatine, protéines, acides aminés etc) dans l’optique de développer la masse musculaire est relative aux différentes phases du travail planifiées en préparation physique. Puisque nous avons vu dans le paragraphe précédent que la préparation physique était différente en sport collectif. et en sport individuel, de la même façon, on peut en déduire que l’administration de suppléments alimentaires sera différente en fonction du sport pratiqué.

Pour ce qui est de la préparation mentale, à mon avis, il n’existe pas de différences fondamentales. Les facteurs mentaux favorables à la performance sont les mêmes quelle que soit l’activité pratiquée. L’objectif d’une préparation psychologique reste semblable à savoir : dissiper les pensées perturbatrices, gérer convenablement le stress et les tensions émotionnelles, développer la confiance en soi, travailler sur le sentiment d’estime de soi, sur les expectations (attentes) d’efficacité personnelles etc.

En conclusion, prenez bien conscience du fait que la principale différence entre la planification mise en place dans un sport individuel. et celle établie pour un sport collectif. réside dans la prise en considération du calendrier des compétitions et des répercussion qu’elle "entraîne" sur la préparation physique.

Bon travail,
Jean-Marc BERTRAND.