Monsieur,

je pratique le tennis à un bon niveau régional qui doit correspondre à 4/6 en france.
j’ai 35 ans.
avant chaque match je dois quelques heures avant m’échauffer en tout cas 30 à 40 minutes pour me réveiller.
je remarque que je suis un des seuls à faire ça alors que mes adversaires sans rien faire avant les matchs se mettent facilement en route.
moi si je ne le fais pas je ne bouge pas et je n’ai aucun souffle et pas de reflexes.
est-ce normal ?

Oneyser,

J’ai récemment répondu à une question sur l’échauffement. Je reprends pour vous l’essentiel de ce texte qui est déjà sur le site.
On propose plusieurs types d’échauffements dont surtout des étirements, des exercices de gymnastique de type “ dérouillage ” qui sont des exercices aérobies. Il y a aussi un échauffement passif par massages et compresses chaudes. Mais on peut faire de l’échauffement de façon variable selon le sport que l’on pratique.
Un échauffement préliminaire permet au sportif de se préparer physiologiquement et psychologiquement à l’épreuve et cela diminue les risques de blessures musculaires et articulaires.
On peut décrire donc 2 types essentiels d’échauffement :
1 / celui qui est général pour tout le corps et que tout le monde fait de la même façon (dérouillage et étirements) Ainsi un sauteur en hauteur, un lanceur de javelot, un patineur artistique et un joueur de foot par exemple, auront à faire du footing et des étirements (échauffement général)
2 / celui qui est spécifique, avec des répétitions techniques pour se réhabituer à une certaine habileté des gestes. Pensez aux champions de tennis qui s’échauffent souvent en échangeant quelques balles et en simulant des gestes précis.
La préparation psychologique d’échauffement a une très grande importance. Mentalement, ils se préparent à leur épreuve, ils se concentrent. Le footballeur qui rentre en fin de match pour remplacer un blessé, est non seulement préparé physiquement (on le voit s’étirer et sautiller sur la touche) mais aussi mentalement car il a suivi le match du banc de touche, et l’entraîneur lui parle jusqu’à son entrée sur le terrain pour la préparation mentale.
Du point de vue physique et physiologique, il y a de nombreuses raisons de s’échauffer :
L’échauffement doit être progressif mais suffisamment intense pour augmenter la température des muscles, mais sans fatiguer ni diminuer de trop les réserves d’énergie (glycogène, phosphocréatine)
L’échauffement augmente le débit sanguin et augmente la température des muscles et du corps entier. Il provoque l’augmentation de la vitesse de contraction et de relaxation des muscles, il diminue la viscosité du tissu musculaire, augmentant ainsi l’efficacité mécanique, il permet un meilleur transfert de l’oxygène du sang vers le muscle, car l’affinité entre l’hémoglobine des globules rouges et l’oxygène diminue avec la température, et c’est pareil pour la myoglobine. Il permet une meilleure transmission nerveuse et une meilleure activité des enzymes impliqués dans la production d’énergie (ATP) dans les mitochondries, et l’échauffement dilate également les vaisseaux sanguins (capillaires) ce qui permet aux muscles de recevoir plus de sang. Il habitue les articulations à atteindre certaines positions en les assouplissant.
Il évite les risques cardiaques de type coronaire si le sportif doit accomplir un effort violent et court. L’échauffement facilite le travail du cœur en le préparant, et il permet d’ajuster le débit sanguin dans les coronaires pour les efforts soudains et de grande intensité (haltérophiles par exemple)
Je terminerai en vous rappelant que, par exemple, en patinage artistique, ceux qui passent à la fin des séries à cause du tirage au sort, sont déjà loin de leur échauffement physique général et spécifique, et qu’ils perdent ainsi beaucoup de leurs moyens.
En ce qui vous concerne, sachez que vous êtes dans le vrai. Le problème du tennis est simple. D’abord l’âge. Il est plus facile de jouer sans échauffement quand on est jeune, ce qui n’est plus tout à fait votre cas si vous jouez avec ou contre des 20 / 25 ans. D’autre part, le tennis fait intervenir la classification du joueur. Jouez contre un plus faible que vous, vous gagnerez vite, vous aurez des repos suffisants. Jouez contre plus fort que vous, vous fatiguerez moins car vous serez vite battu. Mais le danger vient des rencontres avec des sportifs classés comme vous. Alors les compétitions se prolongent et vous en sortez “ crevé ”
Ceux qui ne s’échauffent pas vont le payer un jour ou l’autre et vous serez là, hélas pour eux, pour les réconforter. Ils risquent d’avoir des douleurs articulaires et tendineuses, des ruptures du tendon d’Achille, des douleurs classiques épaule / coude et des élongations musculaires, sans parler de toutes les autres lésions musculaires. Du point de vue cardiaque, leurs coronaires sont mises à rude épreuve. En sport, il n’y a pas de miracle, voyez nos pubalgies et lombalgies, déchirures du quadriceps et ruptures de ligaments dont les croisés du genou chez les sportifs célèbres.
Vous êtes dans le vrai, vous êtes plus à l’abri que les autres de ce type d’accident. Disons que vous avez 80 % de chances de moins que ceux qui ne s’échauffent pas, de vous blesser pendant le match.
C’est pas mal, n’est ce pas ?

Amitiés

Cyber@lbert